Paris. Sur la Butte en chansons par Le Télégramme

par Janine Trotereau dans le quotidien Télégramme Brest et sur letelegramme.fr dans la rubrique Loisirs/Voyage

Si l’on évoque Montmartre, ce sont les artistes peintres et écrivains qui viennent d’abord à l’esprit, mais les chanteurs y ont une place toujours très populaire aujourd’hui.

cc Janine Trotereau

Les rapins, ces peintres débutants que furent Van Gogh, Renoir, Utrillo et plus tard Picasso ont fait connaître dans le monde entier ce coin de campagne et de plaisirs simples qu’était Montmartre à leur époque. Au même moment chansonniers et chanteurs s’en donnaient aussi à cœur joie sur la Butte. Et bien souvent, dans les mêmes lieux et pour le même public bohème, loin de la vie bourgeoise et de l’académisme ambiant.

On débute un petit parcours facile par la montée au Sacré-Cœur qui peut se faire en funiculaire, installé ici en 1900, si l’on veut s’épargner les 220 marches des escaliers. Ce Sacré-Cœur que d’aucuns qualifièrent d’« insulte au Paris révolutionnaire » car c’est ici que débuta la Semaine sanglante de la Commune, horreur architecturale romano-byzantine pour la plupart des autres, est finalement entré dans les mœurs parisiennes au point d’être inscrit aux Monuments historiques depuis… 2020.

Guinguettes et cabarets
Non loin, par la place du Tertre, dévolue aux tireurs de portraits et caricaturistes, on emprunte la rue Norvins. Là, au Tire-bouchon se produisirent Jacques Brel et Bourvil Chez ma Cousine. Au coin de la rue Saint-Rustique vécut Charles Aznavour qui courait le cachet sur la Butte avec Brel.
Ensuite cap sur la rue des Saules qui mène à la Maison rose, prisée de Van Gogh et d’Utrillo mais également de Piaf, Aznavour – qui l’a célébrée dans son dernier album -, Brel ou Barbara. Plus bas, le Clos Montmartre dont la première vendange se déroula en 1934 sous la houlette des chanteurs Fernandel et Mistinguett. Puis le Lapin Agile où l’on accueille toujours chanteurs de renom et débutants prometteurs.
Par la rue de l’Abreuvoir, on rejoint ensuite la place Dalida, ornée de son buste (par Alain Alsan), elle qui habita la Butte durant 25 ans, 11 bis, rue d’Orchamps et fit les beaux jours des salles de concert du monde entier, du Japon au Québec, de New York au Moyen Orient. Elle est enterrée au cimetière de Montmartre, sa tombe toujours très fleurie par ses fans, marquée par une statue en pied, prolongement de son buste.

Les moulins de l’amour
On relevait encore une trentaine de moulins au XIXe siècle, servant à moudre le grain, le plâtre, le silex, le poivre et même les bulbes d’iris pour la parfumerie. Il n’en demeure que deux, Blute-fin et Radet qui forment le Moulin de la Galette. L’un est aujourd’hui propriété privée, l’autre est devenu un restaurant où Dalida déjeunait souvent, à la table 3, près de la fenêtre. Mais tous deux furent une guinguette fameuse ou l’on guincha à l’envi dès 1830.
Rue Tholozé ensuite, puis rue Lepic jusqu’à la rue Véron. Claude François logea au 3e avec sa mère puis sa petite amie, tandis que, plus loin, au 18, l’hôtel de Clermont y avait abrité Piaf, dite la Môme, et Simone Ber- taud, dite Momone, qui chantaient ensemble dans les rues, avant que Piaf n’y revienne cacher ses amours avec le boxeur Marcel Cerdan.
On finit, mais on peut commencer là, à la place des Abbesses. Les chanteurs ont fait de la Butte, le rendez- vous devenu traditionnel des amoureux. D’où l’idée d’un emplacement dévolu à leurs déclarations d’amour, un mur où s’exposent sur 40 m2 et 612 carreaux de lave émaillée, des inscriptions « Je t’aime » dans les 311 langues des pays membres de l’Onu, où l’on relève, par exemple, navajo, yoruba ou pachto.
Anne-Sophie Guerrier, chanteuse de rue, l’affectionne particulièrement avec son « Hymne à l’amour ». Point final de la visite car Beaumarchais n’a-t-il-pas écrit que « tout finit par des chansons » ?

Le tout bon plan
Visite de la Butte avec Anne-Sophie Guerrier, une chanteuse de rue, qui, in situ et a capella s’il vous plaît, interprète avec talent les succès montmartrois de Piaf, Aznavour, Brel, Dalida et même Fréhel ou Lucienne Boyer, selon un itinéraire qu’elle a concocté, menant des logis qu’ils ont habités aux cabarets où ils ont fait leurs premiers pas.
Tous les samedis sur rendez-vous à 14 h 15 à l’entrée de la station de métro Abbesses pour deux heures de bonheur. Par groupes de 15 maximum. montmartreenchansons.com

Voir
– Moulin Blutte-fin 75-77, rue Lepic
– Moulin Radet 83, rue Lepic
– Le Mur des Je t’aime, square Jehan Rictus, place des Abbesses.

Écouter
Le Lapin Agile
22, rue des Saules.
01 46 06 85 87,
les mardi, jeudi, vendredi et samedi de 21h à 1h.
35€ avec une boisson, étudiants 25 € avec une boisson. au-lapin-agile.com

Se restaurer
Moulin de la Galette
83, rue Lepic. 01 46 06 84 77. Tous les jours, de 12 h
à 22 h 15. Pour son esprit guinguette au jardin. moulindelagaletteparis.com

La Maison rose
2, rue de l’Abreuvoir
01 42 64 49 62 . Produits frais et de saison, plastique banni. Samedi et dimanche brunch 11 h 30-14 h 45. lamaisonrose-montmartre.com

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